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   L' "Esprit Amiga" : d'accord, mais c'est quoi exactement ?

   Il y a 15 ans sortait une nouvelle machine qui allait bel et bien révolutionner le monde de la micro-informatique, une machine dont tout ceux qui ont vécu ses années de gloires se souviennent encore aujourd'hui, même si la plupart l'ont délaissée pour d'autres horizons sans souvent savoir qu'elle survit encore vaillamment, une machine qui possède UN nom, une signature, une véritable identité : l'A-M-I-G-A. Une machine qui au-déla de ce nom allait vraiment devenir pour des années l'amie fidèle de ses passionnés.


   Dès le commencement l'Amiga allait écrire une histoire à part. Inventé par le génial Jay Miner dès 1982 sous le premier nom de "Lorraine", à l'époque des "petits 8 bits" qui avaient introduit l'informatique dans les foyers, il restera 3 ans dans les cartons avant d'intéresser Commodore en 1984 qui le commercialisera en 1985 sous le nom d'Amiga 1000. Que de temps perdu alors, mais l'Histoire était lancée. Même si il a bien fallu encore 2 ans pour réellement se faire connaître, la suite allait être fulgurante et glorieuse. Les premiers heureux possesseurs à avoir franchi le pas en délaissant leur 8 bits (C64, CPC,...) allaient découvrir ses performances techniques et son environnement révolutionnaire : le premier OS sur micro entièrement multi-tâches sur la meilleure technologie graphique et sonore du moment ! Ceux-ci commencèrent à entrer au coeur de la bête pour en ressortir les premiers programmes et créer les premières "Demos Amiga", les fameuses, et littéralement subjuguer les autres et les conquérir. La machine était alors lancée. Quand à l'époque on a un CPC qui fait bip-bip et n'affiche que quelques gros pixels pâteux et qu'un ami nous montre des photos digitalisées en plusieurs milliers de couleurs, de la musique également digitalisée ou synthétisée, avec des chansons ou composée avec des logiciels originaux, ainsi que de la superbe animation extrêmement fluide, le tout en parfaite multi-tâches, on tombe à la renverse et quand on revoit son pauvre CPC, on sait ce qu'il nous reste à faire.


   Par ses prouesses technologiques, l'Amiga allait rester ensuite dans l'Histoire de l'Informatique comme étant le premier ordinateur multimédia; mais son nom, son originalité, sa fléxibilité, sa fiabilité, sa convivialité et surtout sa créativité allaient aussi déchainer les passions. Il attire alors les jeunes bidouilleurs, les petits génies, les joueurs, les curieux, les développeurs de jeux et de logiciels professionnels qui en feront l'ordinateur familial le plus vendu au début des années 90, mais aussi l'ordinateur professionnel d'excellence dans les domaines du graphisme, du montage vidéo et des images de synthèses qu'il aura propulsé à la télévision et au cinéma. En une poignée d'années, il avait fait oublier les 8 bits et personne en dehors du monde de la bureautique ne songeait encore à ce moment-là aux compatibles PC.


   Plus que jamais les passionnés étaient convaincus d'apporter la créativité à travers l'Amiga. Leur motivation fit apparaître aussi toutes sortes d'idées nouvelles pour s'exprimer et convaincre les autres. L'union et le partage faisant la force, on créait en "groupes" auquels on donna des noms mythiques. Il y avait le leader, le codeur, le musicien, le graphiste, le swapeur, et dans d'autres le cracker. On se réunissait alors pour partager sa passion, ses créations ou ses idées, en Démos-Party, Démos- Competition, ou Copy-Party. Chacun voulait prouver qu'il était le meilleur dans sa spécialité en allant au bout de ses compétences et celles de sa machine, même si certaines activités étaient plus créatives que d'autres. Et on était surtout jeunes ! Que d'heures, de jours et de nuits ont été passés par passion et par conviction à créer sur Amiga la meilleure démo, la musique la plus mémorable, le plus beau dessin ou le jeu le plus sophistiqué et original. On était motivé par les immenses possibilités que nous apportait cette merveilleuse bécane et les retrouvailles entre pôtes pour tout partager.


   Mais l'Histoire fût aussi dramatique par les erreurs commerciales de Commodore qui l'ont conduit à sa faillite en 1994 et la mort soudaine du père de l'Amiga, Jay Miner, dans les mêmes mois. Dans la lancée de son succès et de son avance, l'Amiga était assuré de quelques moments de répit tout en suscitant les convoitises. Il fût immédiatement repris et sa production relancée, mais la malchance s'acharna par ses deux premiers reprenneurs, Escom et Viscorp, qui en étaient aussi à des problèmes commerciaux. Les années passèrent et le dernier propriétaire de l'Amiga (GateWay), plutôt intéressé par son nom vendeur qu'à son avenir, sacrifia le temps et la "communauté". Les utilisateurs se tournèrent progressivement vers la concurrence qui s'imposa commercialement et même technologiquement. Quoi de plus facile quand on est quasiment le seul sur le marché quelque soit la qualité de son produit et son évolution. Tout en disparaissant des rayons, l'Amiga avait même progressivement disparu des mémoires.


   Il reste cependant les passionnés, les convaincus, les irréductibles, à l'épreuve du temps et des évènements, qui croient en leur machine et en ce qu'elle représente, ceux qui forment la communauté actuelle, et quelle communauté ! Réduite mais devenant de plus en plus solidaire, gardant sa créativité et son imagination, mais aussi son originalité, même si la motivation est souvent mise à rude épreuve et son espoir de plus en plus lointoin, elle est toujours là et bien là. A travers le Monde, elle est également soutenue par les derniers fabricants, toujours actifs à travers de géniales cartes d'extension PowerPC et graphiques ou autres adaptateurs aux techniques actuelles, par les derniers développeurs et les derniers revendeurs. Même si les nouveautés sont rares, elles sont encore présentes. Grâce à l'Internet, le contact est maintenu malgré les distances et les gens se retrouvent malgré tout. Il est même formidable d'avoir de plus en plus de nouveaux contacts dans d'autres pays. Les Amigaïstes savent aussi se rapprocher par des nouvelles associations, des groupes d'utilisateurs, en clubs et en réunions, sans parler du "fanzinat" très actif et de qualité quand il n'y a plus de magazines en kiosque. Des meetings professionnels sont toujours organisés et il y a même une prise de conscience face au piratage qui aurait contribué à la chute de l'Amiga. Mais le plus important pour la communauté restent les AmigaParty, ou AmiParty, ainsi que les AmigaBouffes, qui s'efforcent d'être régulières pour maintenir le contact et garder la motivation, voire préserver l'espoir. Tout en étant créatives, elles fourmillent d'idées et d'initiatives et sont de plus en plus chaleureuses.


   L'Histoire n'est pas finie. En janvier dernier, l'Amiga a été racheté une nouvelle fois par des anciens ingénieurs écoeurés sous l'ère figée de GateWay pour retrouver l'indépendance de ses débuts. Sans de fausses promesses, ils remettent tout à plat en se fixant leurs objectifs. Ils cherchent des partenaires technologiques et commerciaux, et montent une équipe de développeurs dont la mission est de mettre au point le nouvel Amiga : le meilleur environnement qui sache répondre aux techniques actuelles et futures sur le meilleur hardware du moment. Des choix sont pris qui ne rassurent pas toujours la communauté. Mais par leur motivation et leur détermination, ils sont aussi reconnaissants envers la communauté Amiga car ils en font aussi réellement partie depuis des années. Quoiqu'il en soit, l'avenir est en jeu. "L'Esprit Amiga" est là et sera à jamais présent dans nos mémoires et nos coeurs qui sauront les premiers le faire revivre et le retransmettre aux autres à travers une nouvelle machine répondant à sa philosophie.

 

"Keeping the Faith, will have its rewards :-)", Bill McEwen, juin 2000.

  ("Garder la Foi, apportera ses récompenses")

Le 21 juillet 2000, Amigalement,
"Jedi" pour AmigaPassion.